Ouagadougou, capitale du cinéma africain, vient une fois de plus de consacrer l’un de ses plus illustres fils. Dani Kouyaté, cinéaste burkinabè de renom, a arraché l’Étalon d’Or de Yennenga lors de la 29ᵉ édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) avec son film « Katanga ou la danse des scorpions ». Une victoire qui dépasse le simple cadre cinématographique : c’est le cri de toute une nation, la démonstration implacable de sa résilience et de sa combativité.
Un film comme un miroir de la lutte burkinabè
Dani Kouyaté ne raconte jamais des histoires anodines. Avec « Katanga ou la danse des scorpions », il livre une fresque poignante qui puise dans les entrailles d’un peuple en quête de dignité. Katanga, c’est un territoire marginalisé, une terre de souffrance où des hommes et des femmes se battent pour exister, pour briser les chaînes de l’injustice. Mais Katanga, c’est aussi le Burkina Faso d’aujourd’hui : un pays meurtri par les crises, mais qui refuse de plier l’échine.
Le choix du scorpion dans le titre est loin d’être anodin. Animal emblématique de la survie, il incarne cette capacité à résister aux agressions, à riposter avec une force inébranlable. C’est cette image que Dani Kouyaté projette sur l’écran : celle d’un peuple qui danse avec les épreuves, mais qui ne s’incline jamais.
Une consécration au goût de revanche
Cette victoire au FESPACO n’est pas seulement celle d’un cinéaste, mais celle de tout un peuple. Dans un contexte où le Burkina Faso fait face à des défis multiples – insécurité, instabilité politique, pression économique – ce sacre sonne comme une revanche sur l’adversité. L’Étalon d’Or de Yennenga est plus qu’une statuette dorée ; il est un symbole de combat et de détermination.
Dani Kouyaté, par son œuvre, prouve que l’art est une arme, un moyen puissant de résistance et de revendication. Son film traverse les frontières et porte avec lui le message d’un Burkina Faso debout, fier et déterminé à forger son destin.
L’héritage d’un peuple insoumis
Le cinéma burkinabè a toujours été le reflet des aspirations profondes de la nation. De Gaston Kaboré à Idrissa Ouédraogo, le FESPACO a vu défiler des films qui racontent l’Afrique des résistants et des bâtisseurs. Dani Kouyaté s’inscrit dans cette lignée, perpétuant l’héritage d’un cinéma engagé, audacieux et révolutionnaire.
Avec « Katanga ou la danse des scorpions », il rappelle au monde que le Burkina Faso ne ploie pas sous le poids des épreuves, il danse avec elles. Comme un scorpion acculé qui, au lieu de fuir, brandit son dard et riposte. C’est l’âme d’un peuple qui refuse de disparaître, d’un pays qui, malgré les tempêtes, continue de briller.
Et cette lumière, aujourd’hui, éclaire tout le continent africain.
Faso Times