Il est des hommes que l’Histoire juge avant même que la postérité ne les condamne. Djibril Bassolet, Alpha Barry, Newton Ahmed Barry et Abdoulaye Barry, ces quatre noms résonnent aujourd’hui comme l’écho d’un ordre ancien, d’un système effondré qui peine à accepter sa mise au rebut par la volonté populaire et l’élan patriotique incarné par la génération des jeunes capitaines. Tous, réfugiés dans les capitales étrangères, de Paris à Abidjan, des Émirats au Levant, s’agitent à distance, ourdissant, à la faveur de réseaux obscurs, une guerre d’influence contre le pouvoir burkinabè légitimé par le peuple et porté par le capitaine Ibrahim Traoré.
Ces exilés volontaires, dont les postures oscillent entre condescendance intellectuelle et rancune politique, ont en commun leur haine viscérale de l’actuelle transition. Non point parce qu’elle pèche par incompétence ou par excès de zèle — encore que nul pouvoir humain ne soit exempt de critique — mais bien parce qu’elle ose, avec une audace que peu soupçonnaient encore, renverser les paradigmes qui les avaient consacrés.

Djibril Bassolet, homme de main d’un ordre ancien aux attributs de Méphistophélès, rompu aux jeux de couloir et aux intrigues d’état-major, n’a jamais dissimulé son ambition maladive de redevenir incontournable. Alpha Barry, chantre d’un cosmopolitisme de salon, continue de fantasmer une diplomatie soumise aux intérêts extérieurs, où le mot « coopération » se confond trop souvent avec « subordination ». Newton Ahmed Barry, quant à lui, s’est fait une spécialité de la critique acide, érigée en posture idéologique, toujours prompt à décrier, jamais prompt à construire. Abdoulaye Barry complète ce quatuor par une parole militante empreinte de ressentiment, dont les accents populistes peinent à masquer la vacuité stratégique.
Tous quatre incarnent une intelligentsia en déroute, une élite autrefois choyée par un système néocolonial auquel elle demeurait viscéralement attachée, et qui voit aujourd’hui ses repères s’effondrer à mesure que le peuple, ragaillardi par un discours de dignité, de résistance et de souveraineté, se réapproprie son destin.
Ce que ces hommes peinent à comprendre, c’est que le Burkina Faso d’aujourd’hui n’est plus celui de la compromission et de la résignation. Le capitaine Ibrahim Traoré, par son verbe clair et sa fermeté d’action, a cristallisé autour de lui un espoir inédit, un souffle de renouveau qui traverse les campagnes et les hameaux, et redonne aux Burkinabè cette fierté longtemps confisquée. Loin des cénacles parisiens ou des colloques feutrés, ce pouvoir militaire, enraciné dans les réalités du terroir, trace une voie alternative, certes dure, mais authentiquement burkinabè.
Il ne s’agit point ici d’idéaliser un pouvoir ou de verser dans une cécité partisane. Mais il faut reconnaître, avec rigueur intellectuelle, que l’heure est au sursaut, à la rupture avec les figures éculées du passé, celles-là mêmes qui, dans leur fuite en avant, rêvent encore d’un retour par effraction.
L’histoire a ceci de cruel qu’elle ne revient jamais en arrière. Et ceux qui s’acharnent à vouloir faire revivre les cadavres politiques du passé ne récoltent que le mépris des peuples éveillés. Le combat des Bassolet et consorts est celui d’une minorité bruyante mais isolée, dont les oripeaux intellectuels ne parviennent plus à masquer le vide moral.
Le peuple burkinabè a choisi : il avance, debout, avec ses fils en armes, ses filles en résistance, et ses rêves de souveraineté pleinement assumés. Que cela déplaise à ceux qui s’accrochent aux lambeaux d’une époque révolue ne change rien à l’ordre des choses. Car comme le disait fort justement Aimé Césaire : « Le moment est venu de prendre la parole et de prendre position. »
Et la position du Burkina Faso, aujourd’hui, est claire : debout, libre, et irréversiblement tourné vers l’avenir.
Bernard ROUAMBA, doctorant en sciences politiques à l’université de Lausanne