Depuis plus de 10 ans, le Burkina Faso fait face à une guerre implacable. Pourtant, nous appelons encore cela « défense », comme si nous avions choisi de subir. Et si l’heure était venue de renverser les mots pour renverser le cours de la guerre ?
Dans cette tribune ponctuée de propositions ô combien importantes, une opinion appelle à repenser notre manière de nommer les choses, à commencer par notre ministère chargé des opérations militaires.
Faut-il changer le nom du Ministère de la Défense ? Vers un Ministère de la Guerre ou de la Résistance nationale ?
Une proposition forte, symbolique, à lire et à débattre.
» Pour que nos morts aient combattu au nom d’une vraie guerre, donnons à notre ministère un nom à la hauteur : cessons de nous défendre, passons à l’offensive !*
Depuis plus d’une décennie, le Burkina Faso subit une guerre injuste, brutale, sans visage clair. Une guerre qui n’épargne ni les civils, ni les militaires, ni les humanitaires. Une guerre qui fracture notre territoire, endeuille nos familles, et malmène nos esprits. Une guerre qui n’a rien d’une simple « crise sécuritaire », mais bien une guerre de survie nationale.
Et pourtant… notre ministère chargé de la conduite des opérations militaires s’appelle toujours « Ministère de la Défense et des Anciens Combattants ».
Peut-on sérieusement continuer d’appeler cela ainsi ?
Défense ou résignation ?
Le mot « défense » nous installe mentalement dans une posture attentiste, presque résignée. Il nous place dans la logique du bouclier, alors que c’est bien de l’épée dont nous avons besoin.
Les terroristes n’ont pas peur d’un pays qui « se défend ». Ils n’ont de respect que pour celui qui riposte, traque, reprend l’initiative. Or, jusque-là, c’est eux qui nous surprennent, nous encerclent, nous défient.
Si nous voulons changer le cours de cette guerre, il nous faut commencer par changer notre mentalité collective, notre langage, notre imaginaire. Et cela passe aussi, symboliquement, par un geste fort : changer le nom du ministère chargé de cette guerre.
Pourquoi pas “Ministère de la Guerre » ou un » Ministère de la Résistance nationale » ?
Certains objecteraient, arguant que c’est soit trop fort, soit trop brutal !
Mais que vivent chaque jour nos soldats et nos Volontaires pour la Défense de la Patrie ? Une guerre totale, barbare, sans convention. Pourquoi continuer à l’appeler autrement ?
Appeler les choses par leur nom, c’est le premier acte de lucidité et de souveraineté.
C’est ce qu’ont fait, avant nous, les grandes nations dans les moments critiques :
La France a opté pour “Ministère des Armées”, un terme plus offensif.
D’autres pays comme les USA (1947) ont même eu un temps un “Ministère de la Guerre”, avant que les époques de paix ne poussent à des adoucissements.
Mais nous, sommes-nous en temps de paix ? Non.
Nous sommes dans un moment où l’effort de guerre nationale doit être total : moral, logistique, médiatique, symbolique. Et ce symbole fort peut commencer par un nom nouveau, qui claque, qui réveille, qui secoue les consciences.
Certains pourraient objecter que des pays puissants comme Israël, les États-Unis, ou la Russie conservent le terme « Défense » tout en menant des guerres actives. C’est vrai.
Mais c’est précisément pour cela qu’il faut comprendre les logiques internes derrière les mots, car ce sont les doctrines qui donnent sens à la terminologie.
Ces pays ont une capacité de projection militaire globale. Ils peuvent se permettre le luxe de parler de « défense », car ils n’ont pas leur propre territoire occupé ou grignoté.
Le Burkina Faso, lui, mène une guerre sur son sol, sur ses axes routiers, dans ses villages, dans ses écoles. C’est une guerre existentielle.
Ce que propose ce changement…
Appeler le ministère chargé des opérations “Ministère de la Guerre” ou » Ministère de la Résistance nationale », c’est :
Dire haut et fort que nous sommes en guerre, et que nous ne la subirons plus ;
Mobiliser psychologiquement nos troupes, nos jeunes, notre peuple autour d’une cause commune : la reconquête du territoire ;
Affirmer à l’ennemi que le Burkina Faso a changé de posture et qu’il est désormais en contre-attaque stratégique ;
Redonner sens à l’engagement de milliers de VDP, de FDS, de résistants qui donnent leur vie non pour “se défendre”, mais pour libérer la Patrie.
Pour terminer, le nom ne sauve pas, mais il inspire !
Bien sûr, changer un nom ne gagnera pas la guerre à lui seul. Mais en matière de guerre psychologique, les symboles sont des armes. Et le langage est une forme de commandement moral.
Il est temps de parler comme un pays en guerre. Il est temps, peut-être, de dire les choses comme elles sont, et d’oser nommer le cœur de notre résistance : un vrai Ministère OFFENSIF.
Kaboré k Armel
































