Que comprendre de cette affaire d’un catheciste devenu VDP et qui, contre toute attente, a été suspendu par les autorités religieuses du diocèse de Cinkanssé.
Dans les entrailles de l’histoire et au creuset des crises, il est une constante : le devoir envers la patrie ne saurait souffrir d’aucune censure, ni d’aucun carcan, fût-il religieux. L’affaire de Gérard Yiboanda, catéchiste suspendu pour avoir osé rejoindre les rangs des Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP), sonne comme une anomalie inacceptable, une défiance irréfléchie envers l’urgence nationale.
Gérard Yiboanda, fervent serviteur de l’autel et défenseur de sa terre natale, n’a pas hésité à endosser l’uniforme des VDP pour repousser la barbarie qui, depuis trop longtemps, déchire le tissu social burkinabè. Aux côtés de ses compagnons d’armes, il a bravé les affres de la guerre asymétrique, affronté le chaos, rendu à Yourga une respiration que le terrorisme cherchait à lui arracher. Et pourtant, loin des ovations et de la reconnaissance due aux héros, ce patriote s’est vu infliger l’opprobre de la sanction ecclésiastique. Son crime ? Avoir porté les armes pour protéger les siens. Alors que n’eût été l’intrépidité et l’engagement de ce combattant et ses compagnons, le village qui avait commencé à se vider, n’existerait plus.
L’injustice du diocèse de Cinkanssé est flagrante. Que l’on nous dise donc : en quel lieu de la doctrine divine est-il précisé qu’un croyant ne peut se lever pour défendre son peuple ? Les églises et les mosquées se répandraient-elles en prédications de paix sans comprendre que la paix est un combat à mener ? Les religieux doivent se départir de cette posture stérile qui cloisonne foi et engagement citoyen. Les temples de Dieu eux-mêmes subsisteraient-ils si les terroristes s’arrogeaient le monopole de la violence et du terrain ?
Aucune réduction manichéenne ne saurait justifier l’injonction faite à un homme de choisir entre sa foi et son patriotisme. Si les croyants sont appelés à prier pour la paix, ils sont tout autant requis à la construire.
Il urge que les consciences s’ouvrent et que les postures dogmatiques évoluent. Le Burkinabè, qu’il soit pasteur, imam, catéchiste ou laïc, porte en lui une double mission : servir Dieu et servir la patrie. Les armes que manient les uns et les prières que murmurent les autres ne sont que les facettes complémentaires d’une même résistance. Il est temps que les autorités religieuses cessent d’entraver l’engagement patriotique de leurs fidèles.
Comme le rappelle l’adage : « Aide-toi et le Ciel t’aidera. » Or, l’histoire l’a maintes fois démontré, les nations qui ont su se lever contre l’oppression ne l’ont pas fait par la seule invocation des cieux, mais par l’action conjointe de leurs fils et filles, prêts à payer le prix de la liberté. L’on ne peut comprendre pourquoi des sanctions pareilles sont infligées à un digne combattant, qui a choisi de libérer son pays? Il n’est donc pas compréhensible que de tels comportements soient manifestés à l’encontre d’un valeureux fils de la localité.
Le cas de Gérard Yiboanda est un signal d’alarme. Un peuple qui bride ceux qui le défendent se condamne lui-même à la désagrégation. Que les religieux revoient donc leur copie avant que l’histoire ne les place du mauvais côté de la morale.
Fasotimes.net